
LES PETITES de Nathalie Bianco
Éditions Sixième(s)
Toi, moi, elle et trois …
Nathalie Bianco est une auteure que je suis depuis longtemps et dont j’ai beaucoup apprécié les deux premiers ouvrages.
Elle tient une place particulière dans mon cœur puisqu’elle fait partie de mes premières chroniques et c’est avec gentillesse qu’elle avait accepté de m’accorder une de mes toutes premières interviews.
C’est donc tout naturellement que j’ai eu envie de découvrir « Les Petites » sortie en fin d’année 2021.
Le résumé de l’éditeur.
« En attendant, les locataires du numéro 26 hall B faisaient semblant de ne pas remarquer qu’ils étaient pris en filature par des détectives en herbe et supportaient stoïquement que la moindre de leurs allées et venues soit épiée et commentée dans des téléphones en pots de yaourt »
Dans les escaliers d’une cité populaire, au début des années 80, trois petites filles espiègles jouent aux détectives de série TV. L’intrépide Faouzia, la fantasque Myriam et la timide Kadi sont inséparables. 35 ans plus tard, que sont-elles devenues ? Pourquoi Faouzia est-elle si en colère ? Qui a coupé les ailes de Myriam ? Et qu’est-ce qui pousse Kadi, devenue l’assistante d’une célèbre jeune actrice en vogue, à quitter précipitamment la luxueuse villa de celle-ci au petit matin ?
Un roman poignant, cruel, tendre et drôle, qui explore les maux de la société, à travers les portraits de personnages terriblement attachants
Mon ressenti sur cette lecture.
Une enfance, en pleine banlieue, en plein cœur des années 80 … Si comme moi, les souvenirs affluent et que cela vous parle avec comme un arrière-goût de Madeleine de Proust, alors vous ne résisterez pas à tourner rapidement les premières pages de ce livre.
Certainement inspiré par ma mémoire, j’ai d’abord cru pouvoir passer la majorité de ce livre avec nos trois petites héroïnes bien lovées entre les murs cultissime de ces barres d’HLM typique de l’époque. En réalité, si l’histoire commence ici, je reconnais bien le style de Nathalie dont l’envie est plutôt, d’une certaine façon, de nous raconter l’humain, ses relations et le sens de la vie, tout en mettant l’accent sur les sujets qui lui sont chers et qui ressortent souvent dans ses écrits : les absurdités de la société actuelle, la solitude, le racisme, l’intégration …
Ainsi, d’une belle et solide amitié entre trois petites filles, pleines de rêves et d’espoirs, qui ont grandi au sein d’une cité HLM dans les années Club Dorothée, nous nous retrouvons dans le présent qui est le nôtre, près de quarante-ans plus tard. Naviguant entre hier et aujourd’hui, j’ai aimé le paradoxe mis en lumière très rapidement : Nathalie oppose, à travers Kadi, le bonheur simple d’une vie humble et sincère à une vie aisée, sophistiqué de paraître, un bonheur de façade. Le contraste entre les deux milieux et les deux époques est saisissant. Que s’est-il donc passé pour notre petite drôle de dame pendant toutes ces années ? Comment s’est-elle construite ? La vie a-t-elle séparé les trois amies ? En effet, aujourd’hui, c’est Kadi qui nous raconte son parcours, ses blessures d’enfance, d’adolescente et de femme, seule … Mais à l’aube de la cinquantaine, elle n’a pas oublié ses racines et sa famille de cœur, pas celle que la vie vous impose mais celle que l’on a le droit de choisir. C’est à partir de ce moment-là que l’on retrouve le chemin vers Faouzia et Myriam. Elles, n’ont pas quitté l’endroit de leur enfance, où très peu. Pourquoi, comment ? Ont-elles réalisé ses rêves auxquels elles aspiraient tant ? La cité est-elle restée la même après toutes ces années ?
J’ai adoré ces retrouvailles, le retour aux sources et le message porté par cet ouvrage. J’ai adoré le portrait de ses femmes attachantes, douces et si fortes à la fois. On retrouve également la touche d’humour de Nathalie, même si elle se fait plus discrète que sur ses précédents ouvrages. Je me suis bien évidemment laissé emmener dans ces cages d’escaliers, derrière les portes de ces appartements, plein de bienveillance, aux mille cultures. C’est une vraie réflexion sur nos vies, sur le passé, sur ce qu’on est devenu, sur nos erreurs, sur ce à quoi on rêvait, mais surtout sur nos racines, d’où l’on vient et l’importance de l’amitié. Les chapitres sont fluides, ni trop longs, ni trop courts. L’alternance passé-présent fonctionne assez bien. C’est un beau témoignage, une belle leçon de vie que celle de ses trois drôles de dames.
Pour conclure.
Comme à son habitude, c’est un très bel ouvrage que nous offre Nathalie Bianco. À travers l’histoire de ces trois petites filles, elle réussit à mettre le doigt avec finesse sur les failles de notre société et nous invite à mettre en en lumière le véritable essentiel de nos vies, à savoir l’amitié, l’amour et le vivre ensemble. Un très beau partage à découvrir sans hésiter.
Ma note : 16/20



