
LES FILLES CONFETTIS de Ahava Soraruff
Editions Snag
Comme Audrey …
Lorsqu’elle sortait son premier livre « Baby Jane à Broadway » en 2018, moi je commençais tout juste l’aventure placedesbouquins.com, et ce fut l’une de mes premières chroniques. De cet ouvrage sorti de l’imaginaire d’Ahava Soraruff, je me souviens m’être prise d’une profonde affection pour l’héroïne, au point d’avoir été si touché par son histoire de vie qu’elle résonne encore dans un coin de ma mémoire.
Ensuite, il y a eu « Les Audacieuses », qui là encore ont fini de me convaincre qu’Ahava deviendrait, pour ainsi dire, une auteure à valeur sûre à mes yeux dont j’aurais envie de lire tous les romans.
Alors, lorsque « Les Filles Confettis » sont arrivés dans les rayons des librairies au mois de juillet, je savais tout de suite que je ne pourrais pas résister.
Ahava a eu la gentillesse de me contacter pour me proposer la version brochée de cette nouvelle lecture et je la remercie énormément.
Tellement enthousiaste, ces filles confettis n’auront pas eu le temps de se reposer sur une de mes étagères car elles ont tout de suite été dévorée …
Le résumé de l’éditeur.

Quand l’adolescence révèle son lot de surprises, Madeleine et Clémence se serrent les coudes et partent en quête de solutions à Londres…
Madeleine, jeune fille cultivée et Clémence à la réputation sulfureuse, sont amies depuis l’école primaire. Elles sont très différentes, mais se sont toujours épaulées.
Lorque Clémence tombe enceinte de Théo, son flirt du moment, elle ne sait pas comment affronter la situation et demande conseil à son amie, qui suggère de devenir jeunes filles au pair à Londres, car là-bas on est nourri-logé-blanchi, et surtout on peut avorter discrètement.
Chacune emporte avec elle son secret : le désir d’avorter pour Clémence et retrouver son père pour Madeleine.
Mon ressenti sur cette lecture.
Une alternance de point de vue régulière entre deux adolescentes pour ce roman chorale à la dynamique assez soutenue.
La première surprise, selon moi, se trouve dans le ton incisif qui ressort dès les premières pages. La plume est assez acidulée et je dois dire que je n’attendais pas forcément Ahava sur ce terrain. Dans mes souvenirs, mes précédentes lectures m’ayant semblé bien plus douces.
C’est donc un brin étonné que je fais tour à tour la connaissance de Madeleine puis de Clémence, deux femmes-enfants, pas vraiment prêtes à mettre un pied dans le monde des adultes. Pas prêtes à s’immiscer dans notre monde tout court d’ailleurs !
D’un côté, Madeleine, plutôt renfermée, à l’écart, moquée, chahutée, qui ne vit qu’à travers Audrey Hepburn. À première vue, elle ne fait que rêver sa vie à travers films et cinéma américain. De l’autre, Clémence, stricte opposée, plutôt extravertie, libérée, très naïve (surtout en ce qui concerne la gent masculine). Comment ses deux opposées ont-elles pu devenir les plus proches amies ? C’est bien connu, les opposés s’attirent surtout sur un malentendu mais sur ce point, ce n’est pas à moi de vous en dire plus …
J’aurais juste envie de souligner le modèle instable de schémas familiaux dans lesquels elles ont dû toutes les deux se construire (dépressions, folies, prison …), ce qui explique rapidement bien des choses dans leurs comportements comme dans leur rapprochement. À partir de là, je dirais que je développe une certaine empathie pour ces deux petites héroïnes tourmentées, victimes collatérales de l’instabilité du foyer dans lesquelles elles ont se sont construites.
Alors que Clémence se retrouve enceinte sans possibilités de pouvoir avorter, Madeleine lui propose de devenir fille au pair au Royaume-Uni, où les délais légaux pour l’IVG sont plus longs qu’en France. Une opportunité silencieuse pour Madeleine, qui elle, voit dans ce voyage la possibilité de retrouver ce père qu’elle n’a jamais vu. Mais rien ne va se passer comme prévu.
Deuxième surprise : alors que je m’attendais à suivre les deux amies ensemble, plus soudées que jamais, voilà qu’elles se retrouvent séparées pour de nombreuses pages où chacune va suivre un chemin bien différent creusant un peu plus le fossé qui les sépare.
Je dois reconnaître que cette lecture a été bien éloigné de ce à quoi je m’attendais et je pense que ce nouveau style, quelque peu différent, surtout pour ceux qui ont déjà lu l’auteure, pourrait ne pas plaire à tout le monde. Pourtant, curieusement, une fois la surprise passée, ce livre, je l’ai terminé en moins de quatre jours. J’ai trouvé l’histoire assez originale. Nos héroïnes, tour à tour attachantes, énervantes, puis de nouveau émouvantes ont chacune une singularité particulièrement intéressante au fil de l’histoire qui s’affine en fonction de ce qu’elles vivent dans leurs familles d’accueil respectives.
Elles font preuve, et surtout Madeleine, d’une capacité d’adaptation qui force le respect. Elle semble fragile, mais au fond, elle est forte ! À défaut d’avoir pu se construire avec des racines solides, elle puise sa force dans son admiration pour son héroïne américaine, ce que j’ai trouvé très émouvant. Le final avec son père nous montre à quel point il aura fallu de courage à la petite fille pour arriver jusque- là et combien ce qui peut nous apparaître comme complètement farfelu a été une véritable béquille pour se protéger et se construire. Vivre dans son monde est souvent une carapace efficace à la douleur et à l’absence.
Du côté de Clémence, ce qui semble être une chance à son arrivée n’en est pas vraiment une ; je crois qu’un des messages fort à travers ce livre est qu’il faut se méfier de ce qui brille et ça nos héroïnes ont fini par l’apprendre à leurs dépens. elles sortiront grandies de cette expérience !
Certes, c’est donc, pour moi, dans un style d’écriture complètement différent que j’ai retrouvé Ahava, mais contrairement à ce que j’ai pu craindre au départ, l’histoire n’en est pas moins passionnante. Bien sûr, j’ai été surprise par le déroulé du récit et par la manière de l’amener un peu particulière. Mais j’aime toujours autant la richesse psychologique dont elle sait investir ses personnages. Intimes, authentiques, ils ont toujours cette faculté de nous nourrir, de nous rendre plus riche de l’autre sans jamais tomber pour autant dans le tragique. La touche d’humour est aussi souvent au rendez-vous.
C’est une auteure que j’aime beaucoup. J’aime le côté lumineux, les intentions qu’elle réussit à mettre dans ses livres et je ne peux que vous conseiller d’en tourner les pages.
Pour conclure.
Une plume différente de celle à laquelle nous avons l’habitude de retrouver Ahava mais deux portraits de jeunes filles perdues qui n’en sont pas moins intéressantes. Tantôt déroutantes, attachantes, énervantes, charmantes puis touchantes, nous voici dans une histoire où elles vont apprendre à se trouver comme à se retrouver victimes, encore une fois, d’un monde d’adultes impitoyable.
Une pétillante histoire de résilience à découvrir.
À noter que la sortie du nouvel ouvrage d’Ahava Soraruff, « L’Espoir des Poupées Russes » est annoncé pour le 25/08/2021. Cette fois, l’auteure nous emmène en Russie, dans les années 50, retrouver ces jeunes filles en quête d’un avenir meilleur.
Ma note : 15.5/20


