
A CRIER DANS LES RUINES de Alexandra Koszelyk

Editions AUX FORGES DE VULCAIN
Des racines et des ailes …
Il arrive très souvent que je craque sur les dernières nouveautés dès que je mets un pied dans un espace librairie. Malheureusement, souvent, ils restent sur l’étagère un bon moment avant que je puisse m’y plonger.
Ce fut le cas de ce livre et je le regrette profondément car on ne laisse pas ce genre de pépite en attente dans sa PAL …
Grossière erreur de ma part !
Mon résumé.
Léna et Ivan sont complices depuis leur plus tendre enfance.
De familles bien différentes, ce n’est pourtant pas la raison qui viendra bouleverser leur amour naissant de jeunes adolescents mais injustement la plus grande catastrophe nucléaire de l’histoire.
Nous sommes en 1986, alors qu’ils vivent dans la majestueuse ville de Prypiat, en Ukraine, entre nouvelle urbanisation et verdure, l’explosion du réacteur quatre de la centrale de Tchernobyl, auprès de laquelle ils vivent, entraîne le départ précipité de la famille de Léna pour la France.
Celle d’Ivan, elle, décide de rester sur la terre de leurs ancêtres à laquelle elle croit profondément malgré le danger.
A cet instant, alors qu’ils croyaient très fort en une situation temporaire, se brise l’innocence de l’enfance confronté au dur monde des adultes et de l’injustice de la vie.
Une fois en France, Léna croit qu’Ivan est mort et doit apprendre à vivre dans un pays qu’elle ne connaît pas en s’efforçant d’oublier conformément à ce que désirent ses parents.
Ivan, lui, survit dans ces ruines, s’accrochant dur comme fer au retour de sa belle.
Vingt ans ont passés désormais …
Mais on a beau essayer de se construire en tentant d’enfouir ses racines, on se construit rarement sur les regrets comme sur des fondations bancales …
Léna décide de retourner dans la ville de son enfance.
Mon ressenti sur cette lecture.
Lorsque j’ai décidé de commencer ce roman, j’avais tout à coup très envie de le découvrir tant j’en ai entendu du bien.
Il faut dire que l’ambiance historique dans laquelle se situe cette romance n’est pas de celle que l’on rencontre souvent : c’est la première fois que je lisais un livre traitant de la catastrophe de Tchernobyl ; les sujets réalistes qui ressortent le plus souvent dans les romans étant plutôt les guerres. C’est d’ailleurs cela au départ qui avait très certainement retenu mon attention.
Tout de suite, nous sentons que nous allons entrer dans un lieu sacré, un sanctuaire, avec Léna qui revient sur les traces de son enfance. Cette ville fantôme restée en suspend à travers les années, révèlent la vie de ceux et celles dont le destin a basculé et qui ont dû, un matin, partir sans rien, sans se retourner. On ressent tout le drame qui a pu se jouer dans ce lieu.
Puis, nous partons dans l’enfance et l’adolescence de nos deux héros, redonnant sa splendeur et surtout la vie à chaque endroit de Prypiat. C’est comme si tout s’animait de nouveau.
Se superpose également les lettres d’Ivan qui traduise l’absence de Léna, afin de faire ressortir ses espérances sans trop en dévoiler non plus.
C’est une façon de construire le récit que j’ai beaucoup aimé.
Que ce soit suivre l’innocence de deux enfants, à leur amour naissant d’adolescents, en passant par la découverte de ce que fut réellement, techniquement et humainement ce drame, j’ai accroché totalement au récit au point d’avoir des difficultés à poser mon livre.
Au fil de la lecture, on a l’agréable surprise de voir se dessiner d’autres problématiques comme les inégalités sociales (avec les moyens différents des deux familles pour faire face à l’impensable), l’importance de ses racines chez l’homme mais encore la force de la nature, qui elle, reprend peu à peu ses droits malgré la capacité et l’acharnement affolante de l’humain à vouloir la détruire.
Car a-t-il vraiment tiré des leçons du passé ? On est en droit sérieusement d’en douter …
L’auteure a très bien réussi à superposer sa fiction dans un passé réel et je peux dire que cette lecture m’a bouleversé : tous ces moments précieux dont on se rends compte de la valeur quand il est trop tard, tout ce temps perdu que la vie est capable de voler sans que l’on puisse vraiment le rattraper …
L’injustice d’une existence que des pansements seuls ne suffiront jamais à réparer…
Pour savoir si Léna, réussira à refermer ses plaies, il vous faudra aller jusqu’à la dernière page de cette merveille où rien n’est jamais acquis, où tout nous tient en haleine, allant jusqu’à un subtil rebondissement pour nous faire languir encore …
Je pense que comme tous les lecteurs, je n’attendais qu’une chose, en plus des réponses, et je le redis cette lecture a été captivante du début à la fin.
Pour conclure.
Si vous aimez les fictions sur fond historique extrêmement bien documenté, cet ouvrage vous tend les bras, s’en priver serait une erreur !
Son auteure maîtrise son sujet comme son imaginaire et sa plume est une belle découverte.
A lire absolument, c’est un coup de cœur pour ma part.

Ma note : 18/20
Ma citation préférée :
Souvent, la dernière attention, un dernier geste ou regard, n’est pas prise au sérieux. On ne sait jamais quand elle arrive, personne n’y prend garde, l’instant glisse sur nous et s’échappe. Mais quand le dernier instant se fige, quand on sait qu’il portera le nom de « dernier », alors l’instant revient et perfore l’inconscient. Si j’avais su …
A CRIER DANS LES RUINES de Alexandra Koszelyk

